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Question d’éleveur «Jusqu’à quel niveau de prix puis-je contractualiser mes achats d’aliments ?»

Mes besoins en aliments, et en particulier en correcteurs azotés, sont assurés jusqu’à l’automne. Par précaution, je souhaite commencer à couvrir une partie de ceux de la fin 2022 et du premier trimestre 2023.Un éleveur de l’Orne

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Le réponse de l’expert strong

La situation du marché des matières premières oblige à sortir de la stratégie habituelle. Il y a encore peu, plus on couvrait sur une période longue ses besoins en aliments, plus on se permettait d’être exigeant sur les prix. Aujourd’hui, face à l’incertitude, la stratégie est d’assurer une partie de son approvisionnement en sanctuarisant des prix à terme malheureusement élevés mais nettement en dessous des cours du jour. Je compare la situation à venir à un tsunami : nous savons qu’il arrive, mais nous ne connaissons pas encore la hauteur de la vague. Il faut apprendre à vivre avec et se préparer à des prix d’aliments­ beaucoup plus élevés qu’actuellement, au vu du conflit toujours plus compliqué en Ukraine. La priorité est de couvrir les besoins en protéines puisque les deux tiers sont assurés par des achats. Ce sera encore vrai cette année. Les ensilages d’herbe réalisés mi-avril ne sont pas d’une valeur alimentaire exceptionnelle pour deux raisons : la volonté d’économiser l’azote minéral et la dilution de l’azote dans la plante liée à une forte pousse des graminées durant la première quinzaine d’avril.

Suivre les cours à terme pour contractualiser 30 à 50 % de ses besoins annuels

La pression d’achat est beaucoup moins forte sur l’énergie puisque vous avez la possibilité de la produire via le maïs grain, le maïs épi ou les céréales. Si c’est encore possible, cultiver un peu plus de maïs est encore plus pertinent cette année.

Avec 472 € la tonne de tourteau de colza et 565 € celle de tourteau de soja (au 27 avril), les cours du jour sont extrêmes et vont continuer à grimper. Contractualiser dès à présent 30 à 50 % de son besoin annuel en correcteur azoté est judicieux. Dans le contexte du moment [NDLR : à notre bouclage fin avril], au regard des cotations quoti­diennes et à échéance mai et juin, se positionner pour la fin 2022 et le premier trimestre 2023 sur des contrats de tourteau de colza sous les 400 € à 420 € et de tourteau de soja sous les 500 € à 520 € semble opportun. Pour l’instant, la hausse du prix du lait et de la viande absorbe ces niveaux jamais vus.

Zéro économie sur les veaux et vaches taries

Cette conjoncture inédite oblige encore plus que d’habitude à bien quantifier les besoins en aliments. Elle exige d’ajuster en permanence le seuil de prix que l’on estime le plus approprié à l’instant T. De même, il faut s’ouvrir à des opportunités de coproduits riches en azote (drèche de blé, corn gluten feed déshydratés, etc.). Les aliments du commerce peuvent également être intéressants, les fabricants ayant sécurisé leur approvisionnement en matières premières. Attention­ à leur valeur en MAT. Il faut considérer celle hors urée et vinasse. L’urée peut aussi entrer dans le jeu mais sa part restera faible dans la ration. En revanche, pour les vaches taries et les veaux, la règle de conduite est zéro économie d’azote, au risque, sinon, de pénaliser­ les performances futures.

© Claudius Thiriet - Claudius Thiriet

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